Depuis sa création en 2008, le RHEM (Réseau d’Histologie Expérimentale de Montpellier) assure, grâce à un logiciel de gestion de laboratoire développé à façon (Laboratory Information Management System, LIMS), la traçabilité de tous les échantillons des modèles précliniques générés par les chercheurs montpelliérains (> 100 000 blocs de paraffine). En améliorant ce logiciel et en développant un système de requêtage électronique, le RHEM a souhaité créer une biobanque expérimentale similaire aux biobanques humaines (dénommé en anglais «Biological Tissue Collection» ou BTC). La BTC consiste en un portail web qui peut être utilisé par l’ensemble de la communauté scientifique internationale pour consulter la base de données. Grâce à ce portail, tout scientifique pourra interroger la BTC selon différents critères (espèce, génotype, gène muté, âge, sexe, organe) et demander des lames histologiques ou copeaux de paraffine à partir des blocs sélectionnés. Les lames histologiques pourront permettre par exemple d’effectuer des analyses histologiques variées telles des immunomarquages simples ou multiplexés, de l’hybridation in situ, de la transcriptomique spatiale, etc.
Le portail de la BTC vise à permettre aux chercheurs de (1) promouvoir une recherche éthique et responsable, conformément à la règle des 3R, en remplaçant les expériences sur les animaux par l’utilisation de lames histologiques provenant de blocs qui ont déjà été générés et regroupés dans une collection biologique précieuse, (2) économiser du temps et de l’argent en évitant de reproduire des expériences qui ont déjà été réalisées, réduisant ainsi le nombre d’animaux utilisés, et (3) encourager la collaboration scientifique par le partage de matériel biologique.
Le site de la BTC (https://btc.rhem.cnrs.fr/) a été ouvert au public début mars 2023. Dans un premier temps, il permet d’interroger 25% de la base de données de tissus, soit plus de 25 000 blocs paraffine. 99% d’entre eux proviennent de rongeurs représentant 365 génotypes différents. Ce portail sera complété dans le futur par de nouvelles versions permettant l’intégration de modèles animaux ayant reçu des greffes de cellules humaines/souris ou de tissus humains (Patient Derived Tumor Xenograft models) ainsi que d’autres fonctionnalités de requêtage.
Cet outil de partage public offrira aux chercheurs de nouvelles possibilités d’étudier l’expression de biomarqueurs dans les tissus de modèles de rongeurs de cancers humains qui sont difficiles d’accès ou coûteux. Nous espérons que cet outil aidera les équipes de recherche à améliorer leur stratégie générale des 3R.