Organisation architecturale de la membrane basale et perméabilité à l’infiltration cellulaire
Alain CORINUS 1, Sophie ABELANET1, Julia DUBREUIL 1, Zhenyu ZHU 2, Sabrina PISANO 3, Christelle BOSCAGLI 4, Anne-Sophie GAY 1, Delphine DEBAYLE 1, Marin TRUCHI 1, Kevin LEBRIGAND 1, Sandra LACAS-GERVAIS 4, Frédéric BRAU 1, Xavier DESCOMBES 2, Patricia ROUSELLE 5, Michel RANCO 1, Frédéric LUTON 1
1 Université Côte d’Azur, Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, CNRS UMR7275, Inserm U1323 – Sophia Antipolis, France
2 Université Côte d’Azur, INRIA, CNRS, Laboratoire I3S – Sophia Antipolis, France
3 Université Côte d’Azur, Institute for Research on Cancer and Aging, CNRS UMR7284, Inserm U1081 – Nice, France
4 Université Côte d’Azur, Centre Commun de Microscopie Appliquée – Nice, France
5 Université de Lyon, Laboratoire de Biologie Tissulaire et Ingénierie Thérapeutique, CNRS UMR5305 –Lyon, France
La grande majorité des cancers du sein sont d'origine canalaire, parmi lesquelles 20 % sont diagnostiqués in situ (carcinome canalaire in situ, CCIS), ce qui signifie que les cellules tumorales n'ont pas traversé la membrane basale (MB) qui entoure l’épithélium mammaire et sert de barrière à la dissémination tumorale. Au moins un tiers des tumeurs CCIS resteraient in situ et bénignes, tandis que les autres progresseraient vers un stade invasif (carcinome canalaire invasif, CCI) après avoir traversé la MB. Malheureusement, aucun marqueur prédictif ni traitement spécifique n'existe pour anticiper et prévenir la transition critique du stade CCIS au stade CCI. Nous explorons l'hypothèse selon laquelle les cellules tumorales qui progressent vers le stade CCI modifient au préalable la composition moléculaire et l’organisation structurale de la MB pour faciliter son passage. L’identification de ces altérations chez les patientes permettraient de prédire la progression vers le stade CCI et éviter le surtraitement des patientes dont la MB resteraient intacte. Pour tester cette hypothèse, nous utilisons des systèmes de culture 3D permettant de reproduire l’assemblage de la MB autour de sphéroïdes mammaires humains. Nous avons caractérisé la MB endogène de deux modèles de cellules mammaires humaines normales. Ces MBs contiennent tous les composants essentiels, s'organisent normalement en réseaux superposés de laminine et de collagène IV, et présentent une ultrastructure microporeuse classique. Au contraire, nous montrons que les cellules tumorales assemblent une MB avec une composition altérée et des pores plus gros traversés par des extensions membranaires qui facilitent le passage de la MB. Par manipulation génétique, nous évaluons l’impact de la mutation de chaque composant sur l'organisation structurelle et la permissivité à l'infiltration de la MB afin d’identifier les mutations qui facilitent la transition du stade in situ au stade invasif.


